Deuil périnatal : briser le silence et avancer vers le futur

4e trimestre, Désir d'enfant, Doula, Grossesse

Le deuil périnatal, cette perte d’un enfant pendant la grossesse, à la naissance ou dans les premiers jours de vie est une expérience souvent taboue en France. Pourtant, de nombreux parents sont touchés par ce drame chaque année. Face à la douleur immense et au silence qui entoure cette épreuve, il est important de rappeler que des accompagnements et des ressources existent pour aider les familles à traverser cette période difficile.

Un deuil souvent minimisé et incompris

En France, le deuil périnatal est encore largement méconnu et minimisé. La définition légale ne reconnaît le deuil qu’à partir de la 15ème semaine de grossesse, laissant de nombreux parents endeuillés dès les premiers jours de leur grossesse dans l’isolement et le silence. Pourtant, la douleur et le chagrin ressentis ne dépendent pas du stade de développement du bébé, mais bien de l’espoir et de l’amour qui lui ont été portés.

En france, la mortalité infantile en hausse

Depuis 2015, la mortalité infantile en France est supérieure à la moyenne européenne*: 3,7 décès d’enfants de moins d’un an pour 1 000 naissances vivantes. La moitié des décès d’enfants de moins d’un an surviennent durant la première semaine de vie. Ces chiffres inclus des décès de moins 7 jours à 1 an. Le deuil périnatal est beaucoup plus vaste que ces chiffres.

Il touche aussi les mères et les familles rencontrant des arrêts de grossesse antérieurs à moins 7 jours: naturel (“fausse couche”) ou volontaire (IVG ) ou médical (IMG). 

Briser le silence pour avancer

Vous n’êtes pas seul. Osons parler du deuil périnatal. Il est primordial de briser le silence qui entoure le deuil périnatal et de permettre aux parents endeuillés de parler de leur douleur, de leurs émotions et de leurs besoins.

Il n’est jamais trop tard !

J’accompagne des femmes de tout age. Des fois, la parole se libère quand elles deviennent grand-mère.

Il n’est jamais trop tôt !

J’accompagne des femmes enceintes. Dès qu’elles apprennent le décès de leur bébé, avant leur mise au monde, avant un protocole ou une décision.

Épauler les parents à travers cette épreuve et faire face à cette détresse spécifique de manière adéquate et professionnelle demandent une posture, des connaissances et des outils. Il existe des associations spécialisées et des professionnels formés.

Avancer pas à pas

Le deuil périnatal est une expérience unique et profondément personnelle, et il n’existe pas de « chemin tout tracé » pour le traverser. Chaque personne le vit à sa manière, selon son histoire, ses croyances et sa personnalité.

L’absence de chemin tout tracé

  • Chaque deuil est unique: Tout comme chaque enfant est unique, chaque deuil périnatal l’est aussi. Les circonstances de la perte, le lien que les parents avaient avec leur bébé, le soutien de l’entourage, tout cela va influencer la façon dont le deuil est vécu.
  • Pas de chronomètre: Il n’y a pas de délai précis pour faire son deuil. Certains parents peuvent avoir besoin de plus de temps que d’autres. Il est important de ne pas se comparer aux autres et de respecter son propre rythme.
  • Des hauts et des bas: Le deuil est une traversée. Il y aura des moments de grande tristesse, mais aussi des moments de joie et d’espoir. C’est tout à fait normal de ressentir des émotions contradictoires.

Les étapes du deuil : un modèle, pas une règle

Bien qu’il n’y ait pas de chemin unique, plusieurs modèles ont été proposés pour décrire les étapes du deuil. Le modèle de Kübler-Ross (négation, colère, marchandage, dépression, acceptation) est l’un des plus connus. Cependant, il est important de garder à l’esprit que ces étapes ne sont pas linéaires et que certaines personnes peuvent ne pas les vivre toutes.

Créer du sens pour avancer

L’une des clés pour surmonter le deuil périnatal est de donner du sens à cette épreuve. Cela peut passer par :

  • La reconnaissance de l’existence de son enfant: le nommer, faire des empreintes, des photos…
  • L’accompagnement du processus de maternité: Selon l’age de l’enfant et le chemin des parents, il est difficile de faire son deuil parce que la naissance de l’enfant et du parent a été interrompue. Aussi étrange ou paradoxal que ce soit, aider avec différentes techniques à reprendre le processus de naissance peut faciliter ensuite le processus de deuil.
  • La création de rituels: Organiser une cérémonie, planter un arbre, écrire une lettre à son enfant… Ces rituels permettent de symboliser la perte et d’honorer la mémoire de l’enfant.
  • La construction d’une histoire: Chaque parent peut écrire sa propre histoire, en y intégrant ses souvenirs, ses émotions et ses espoirs. Cette histoire permet de donner un sens à l’expérience vécue et de la transmettre aux autres.
  • La recherche d’un soutien: Rejoindre un groupe de parole, consulter un thérapeute ou simplement parler avec des proches peuvent aider à se sentir moins seul et à trouver du réconfort.

L’importance du soutien

Le soutien de l’entourage est essentiel pour traverser cette épreuve. Les proches peuvent aider en :

  • Écoutant sans juger: Il est important de laisser les parents exprimer leur douleur et leurs émotions sans les interrompre ni les minimiser ni comparer.
  • Proposant une aide concrète: Les tâches quotidiennes peuvent devenir difficiles à gérer après la perte d’un enfant. Proposer de faire les courses, de garder les autres enfants ou de cuisiner peut être un grand soulagement.
  • Respectant le rythme de chacun: Chaque parent a besoin de temps pour faire son deuil. Il est important de respecter son rythme et de ne pas forcer les choses.

Quels mots ? petit guide pour accompagner

Les phrases à éviter

« Vous êtes jeunes, vous en aurez d’autres. » Cette phrase minimise la perte actuelle et suggère que le bébé perdu peut être facilement remplacé, ce qui n’est pas le cas.
« C’est la loi de la nature. » Cette phrase peut sembler banale, mais elle peut être ressentie comme une minimisation de la douleur et un manque d’empathie.
« Au moins, vous savez pourquoi… » Cette phrase, souvent utilisée dans le cas d’une maladie génétique ou d’une malformation, peut être perçue comme une justification de la perte et ne soulage pas la douleur.
« Tu dois être forte/fort maintenant. » Cette phrase met une pression injuste sur la personne endeuillée qui a déjà beaucoup de mal à gérer ses émotions.
« Oublie ça, tourne la page. » Le deuil est un processus qui prend du temps. Il est important de laisser la personne endeuillée avancer à son propre rythme.
« Je sais ce que tu ressens. » Même si vous avez vous-même vécu une perte, votre expérience est unique et ne peut pas être comparée à celle de l’autre.
« Tout arrive pour une raison. » Cette phrase peut être très déstabilisante pour une personne qui cherche déjà du sens à cette épreuve.

Les phrases à privilégier

« Je suis tellement désolé(e) pour ta perte. » Cette phrase simple et directe exprime votre compassion.
« Je suis là pour toi, si tu as besoin de moi. » Proposez votre soutien de manière concrète.
« Je n’ai pas les mots, mais je pense à toi. » Reconnaître que les mots manquent peut être plus réconfortant que de chercher à trouver les bonnes phrases.
« Comment puis-je t’aider en ce moment ? » Laissez la personne endeuillée vous dire ce dont elle a besoin.
« Je t’écoute si tu veux en parler. » Offrez un espace d’écoute sans jugement.

L’essentiel est d’être présent, d’écouter, de montrer de l’empathie sincère et de respecter le chemin unique du deuil.

Des alliés précieux pour accompagner le deuil

Outre le soutien de l’entourage, le soutien psychologique, de nombreux autres accompagnements peuvent être précieux pour les parents endeuillés :

  • La doula spécialisée dans le deuil périnatal : Accompagnatrice formée, la doula offre une oreille et un soutien émotionnel et pratique aux parents pendant cette période difficile.
  • L’accompagnement holistique : Naturopathie, ostéopathie, massage, réflexologie… De nombreuses approches holistiques peuvent aider les parents à retrouver leur équilibre physique et émotionnel après la perte de leur bébé.
  • L‘hypnose : Comme nous le verrons dans un prochain article, l’hypnose peut être un outil précieux pour gérer le stress, l’anxiété et la douleur liés au deuil périnatal.
  • Lectures: de nombreux ouvrages de références sont disponibles dans la section ressources bibliographiques. Un guide dédié à l’accompagnement des familles est également disponible dans la boutique « Guide : Votre traversée du deuil périnatal »

Important : Ces accompagnements ne se substituent pas à un suivi médical ou psychologique. Il est important de consulter des professionnels de santé.

15 octobre : Journée internationale de sensibilisation au deuil périnatal

Une journée dédiée permet de sensibiliser à ce sujet encore tabou. Renseignez vous près de chez vous des conférences, des ateliers, des espaces de parole et autres propositions sont organisés autour de cette date. Cela peut être une opportunité pour oser sortir du silence aussi à votre rythme.

De nombreuses associations et groupes de soutien existent pour offrir un espace d’écoute et d’échange bienveillant. Par exemple:

www.association-agapa.fr

www.lavoiedisis.com

– www.association-spama.com

 

Le deuil périnatal est une épreuve douloureuse qui peut marquer à vie. Il n’y a pas de recette miracle pour le surmonter, mais en s’accordant du temps, en se faisant accompagner et en donnant du sens à cette expérience, il est possible de retrouver un équilibre, apprendre à vivre avec et avancer.

Si vous avez des questions, un rendez-vous de 15 minutes est offert: cliquer pour en réserver.

* source INSEE N°301, 14/06/2023

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